Vive(nt) les haies !

Planter une haie, pendant l'hiver de préférence, c'est un bon investissement à long terme, un projet sur plusieurs décennies, et l'idée de s'inscrire dans la durée est source de satisfaction et de motivation. On peut faire seul ce beau projet ou le réaliser à plusieurs, avec des voisins par exemple.

Car une haie offre de nombreux avantages :

- elle abrite ce que l'on appelle des auxiliaires, certains précieux, tels des insectes et des oiseaux,... qui vont aider l'agriculteur ou le jardinier à lutter contre les parasites dont ils se nourrissent, lui évitant le recours aux produits chimiques... ; l'équilibre qui s'établit entre les plantes variées de la haie, les insectes, les multiples espèces d'animaux et leurs prédateurs est fragile et les chasseurs savent que les talus des haies abritent aussi le gibier ;

- elle protège du vent et réduit l'évapo-transpiration : plus l'air est chaud et agité, plus la quantité d'eau rejetée par le sol et les plantes sous forme de vapeur d'eau est importante ; en freinant le vent, la haie limite cette perte d'eau ;

- elle réduit les écarts de température du sol et une haie brise-vent peut permettre au terrain qu'elle protège de gagner 2 à 3 degrés au printemps et assurer ainsi un meilleur démarrage des cultures ;

- elle empêche l'eau de ruisseler et d'emporter la terre et la freine lors des inondations ; l'érosion est limitée, l'eau s'infiltre mieux dans le sol et remplit ainsi les nappes phréatiques ;

- les racines des arbres de la haie descendent bien plus bas que celles des cultures et captent des nutriments inaccessibles, restitués à la surface du sol à travers les feuilles qui tombent l'hiver : c'est le principe de l'agroforesterie ;

- elle embellit le paysage de ses couleurs qui évoluent au rythme des saisons ;

- elle héberge et nourrit la faune locale, contribuant ainsi à la biodiversité ;

- elle produit aussi des piquets et des perches, du bois d'oeuvre et du bois de chauffage (on prépare aujourd'hui du bois déchiqueté qui permet d'alimenter les brûleurs des chaudières en continu), ou encore du broyat (avec les restes de taille) pour un compost de bonne qualité ;

- au gré des saisons, grâce aux nombreux fruitiers qui la composent, elle nourrit aussi... les promeneurs, les glaneurs et les voisins qui ont contribué à planter cette jolie haie, avec des fruits tels que noisettes, châtaignes, mûres...

La haie est donc facteur de développement durable.

Depuis le Moyen-Age, la haie a accompagné l’homme dans sa vie de tous les jours en lui donnant des fruits, du bois pour se chauffer et faire des outils, ou des plantes pour se soigner. Les nouveaux modes de vie tendent à rendre la haie improductive, voire indésirable dans la logique d’une agriculture productiviste. Pourquoi s'obstiner, pour gagner quelques rangs de culture intensive, à les raser  ?

Au contraire, dans une réflexion de développement durable, la haie peut répondre à la nécessité de protéger la biodiversité, assurer les régulations écologiques, offrir un cadre de vie agréable et même redevenir un élément de production agricole. Car on peut valoriser la sauvegarde et l’entretien d'une haie par une meilleure utilisation des produits dérivés, par exemple via une filière bois-énergie locale...

La haie est un élément structurant de notre paysage et son rôle est désormais reconnu pour réguler les eaux de ruissellement, limiter l'érosion du sol cultivé et maintenir la biodiversité dans les zones de culture.

Il est donc grand temps de replanter la haie, d'accompagner l'agriculture d'une écologie intelligente et concertée. Les normes départementales définissent les largeurs maximales des éléments naturels (haies, fossés…) pouvant être inclus aux surfaces déclarées pour bénéficier d'aides agricoles : la haie et sa bande enherbée associée font partie des surfaces PAC !

La haie est un investissement sur le long terme : au-delà de l’amélioration agronomique (brise-vent, hygrométrie, auxiliaires), une haie conduite de manière durable peut apporter d’autres sources de revenus et produire 4 tonnes de bois/km/an (ce qui représente la moitié de la consommation annuelle d’un ménage pour le chauffage).

Les moyens humains et financiers existent, même encore insuffisants peut-être, l'énergie est là : alors n'attendons plus  !